Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
NUIT BLANCHE

d’une torche, Biebenheim !… Biebenheim en chair et en os, plus raide que jamais, corsé dans une longue redingote que retroussait par derrière le bout luisant d’un fourreau de sabre, coiffé d’un casque surmonté d’une tête de pique qui le grandissait d’au moins deux pouces.

— Le Prussien ! s’exclama Paul.

Biebenheim se retourna vivement, comme à l’appel de son nom. À la vue du fiancé de Marie-Anne, sa face rubiconde s’éclaira d’un ricanement féroce ; sa main droite fouilla un instant l’intérieur de sa capote, en sortit aussitôt armée d’un long pistolet d’ordonnance, qu’il braqua sur Paul.

D’un geste violent, Smythe, au risque d’être atteint lui-même, poussa son ami derrière un pilier de la balustrade. La balle du Prussien alla frapper en pleine poitrine une pauvre femme qui, avec un enfant dans les bras, suivait de seuil de l’église cette scène sans y rien comprendre. Une longue clameur d’horreur s’éleva de toutes parts :

— Ce ne sont pas des Allemands, ce sont des Sauvages !