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SIMILIA SIMILIBUS

Le cri de Paul fut un rugissement de rage :

— Ah ! gueux de Prussien, je te retrouverai !

Le confrère Smythe, plus calme, le prit par le bras en lui disant tout bas :

Come with me !

Et tous deux disparurent dans les ténèbres d’une ruelle voisine.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Jusqu’à ce moment, on peut dire que la ville entière ne savait rien, ne comprenait rien de ce qui se passait dans ses murs. On avait marché de surprise en surprise ; on était intrigué, ahuri, vaguement inquiet, effrayé sans savoir pourquoi, car en général on ne devinait pas le premier mot du drame qui se jouait.

Il faut plus que les deux ou trois heures qui s’étaient écoulées depuis les premières explosions qui avaient troublé les échos de ce beau soir d’été pour réunir dans une commune pensée, dans un mouvement d’ensemble, une population de cent mille habitants, dispersée aux quatre coins d’une grande ville, et subitement privée de toute communication téléphonique.

Mais, devant le corps ensanglanté et agoni-