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SIMILIA SIMILIBUS

Les gens passaient devant cette monumentale pancarte, y jetaient un rapide coup d’œil et filaient sans mot dire, sans manifester la moindre émotion, pas même le moindre étonnement.

Les seuls qui ne bougeassent pas de ces centres d’attraction étaient des factionnaires fusil au bras, et quelques individus en tenue civile — des espions probablement, non moins probablement aussi appartenant à cette classe privilégiée mentionnée dans la proclamation comme « faisant partie de la suite des troupes allemandes ».

Ces derniers affectaient parfois de se mêler aux passants lorsque ceux-ci s’arrêtaient un instant devant l’affiche. Ils faisaient alors mine de lire attentivement et de commenter à haute voix certaines clauses de l’ordonnance, tout en reluquant de travers leurs voisins pour tâcher de découvrir sur leurs traits quelques signes d’effroi ou de mécontentement. Bernique ! toujours visages de bois.

Ce fut bientôt le tour de ces agents provocateurs de se livrer eux-mêmes à des manifestations trahissant l’extrême désappointement qui les agaçait de plus en plus. Ils ne comprenaient