— Vieux corbeau de mer, écoute; dis-moi : que tiens-tu là?
— Je tiens la tête du Chef d’armée[1] ; je veux avoir ses deux yeux rouges.
Je lui arrache les deux yeux , parce qu’il t’a arraché les tiens.
— Et toi, renard, dis-moi, que tiens-tu là?
— Je tiens son cœur, qui était aussi faux que le mien.
Qui a désiré ta mort, et t’a fait mourir depuis longtemps.
— Et toi, dis-moi, crapaud, que fais-tu là, au coin de sa bouche?
— Moi, je me suis mis ici pour attendre son âme au passage.
Elle demeurera en moi tant que je vivrai, en punition du crime qu’il a commis
Contre le Barde qui n’habite plus entre Roc’h-allaz et Porz-gwenn. —
Cette pièce est, par les sentiments, les croyances, les images, un débris précieux de l’ancienne poésie bardique.
Comme Taliésin, Gwenc’hlan croit aux trois cercles de l’existence et au
- ↑ Le chef étranger qui fit prisonnier le poëte