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LE TRIBUT DE NOMÉNOË

poids y fut de la sorte ! » on se rappelle qu’il y a peu d’années, Morvan, le Lez-Breiz de la tradition bretonne, disait, en frémissant de rage : « Si je peux le voir, il aura de moi ce qu’il me demande, ce roi des Franks, je lui payerai le tribut en fer[1]. »

En regard de la chanson épique inspirée à la muse nationale par le libérateur de la Bretagne, on mettra la chanson satyrique composée dans l’abbaye de Saint-Florent contre Noménoë. Les moines franks des bords de la Loire ne purent lui pardonner la destruction de leur monastère, et pour se venger, ils inventèrent la fable suivante qu’ils chantaient en chœur :

« En ce temps vivait certain homme qu’on appelait Noménoë ;

« Il était né de parents pauvres ; il charruait lui-même son champ ;

« Mais il rencontra un trésor immense caché dans la terre ;

« Moyennant lequel il se fit beaucoup d’amis parmi les riches ;

« Puis, habile en l’art de tromper, il commença à s’élever,

« Si bien que, grâce à sa richesse, il finit par tout dominer. « etc.


Quidam fuit hoc tempore
Nomenoius nomine ;

Pauper fuit progenie ;
Agrum colebat vomere ;

Sed repevit largissimum
Thesaurum terra conditum ;
 
Quo plurimorum divitum
Junxit sibi solatium.

Dehinc, per artem fallere,
Cœpit qui mon successere,

Donec super cunctos, ope
Transcenderet potentia
,[2]


Pauvre latin, pauvres rimes, pauvre revanche.


  1. Si fortuna daret possim quo cernere regem...
    Proque tributali haec ferrea dona dedissem.

    (Ernold. Nigell., ap. Scriptores verum gall. et franc, I. VI, p. 46.)

  2. D. Morice, preuves, t. I, p. 2 8.