Page:Barzaz Breiz, huitième édition.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
LE FAUCON.

Le pays grevé, une révolte a éclaté ; les jeunes se sont levés, levés se sont les vieux ; par suite de la mort d’une poule et d’un faucon, la Bretagne est en feu, et en sang, et en deuil.

Au sommet de la Montagne Noire, la veille de la fête du bon Jean, trente paysans étaient réunis autour du grand feu de joie. Or, Kado le Batailleur était là avec eux, s’appuyant sur sa fourche de fer.

— Que dites-vous, mangeurs de bouillie ? payerez-vous la taxe ! Quant à moi, je ne la payerai pas ! j’aimerais mieux être pendu !

— Je ne la payerai pas non plus ! mes fils sont nus, mes troupeaux maigres ; je ne la payerai pas, je le jure par les charbons rouges de ce feu, par saint Kado et par saint Jean !

— Moi, ma fortune se perd, je vais être complètement ruiné ; avant que l’année soit finie, il faudra que j’aille mendier mon pain.

— Mendier votre pain, vous n’irez pas ; à ma suite je ne dis pas ; si c’est querelle et bataille qu’ils cherchent, avant qu’il soit jour ils seront satisfaits !

— Avant le jour ils auront querelle et bataille ! Nous le jurons par la mer et la foudre ! nous le jurons par la lune et les astres ! nous le jurons par le ciel et la terre ! —