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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.

toujours celui qu’on aimait, au bruit sourd que rend la bière en tombant, un cri déchirant part de tous les cœurs ; souvent la veuve et ses enfants veulent s’élancer après elle. Les hommes se jettent à genoux, en voilant leurs visages de leurs longs cheveux, comme ils le font en signe de deuil ; la foule reflue épouvantée, et parfois le prêtre lui-même, quoique habitué à ces douloureux spectacles, ne peut retenir ses larmes.

Quand, au sombre tableau des funérailles bretonnes, d’où l’on dirait l’espoir banni, on oppose les sentiments pleins de promesses d’immortalité qui dictèrent le dénoûment de la ballade du Frère de lait, le contraste saisit l’esprit. Quel est donc ce clerc trégorrois dont l’âme confiante, ouverte du côté du ciel et oubliant la tombe, aspirait à la délivrance, à la vie sans fin, à la joie, à la pleine lumière ? Ne conviennent-ils pas bien au poëte breton les beaux vers du grand poëte français ?

On dirait que son œil qu’éclaire l’espérance
Voit l’immortalité luire sur l’autre bord.