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XXIV


LES TROIS MOINES ROUGES
— DIALECTE DE CORNOUAILLE —




ARGUMENT

Les templiers ou moines rouges, comme les appellent les Bretons, n’étaient pas plus populaires en Bretagne que dans les autres parties de l’Europe occidentale. En Angleterre, les enfants s’en allaient criant par les rues : « Gardez-vous de la bouche des templiers[1] » En France, on dit encore aujourd’hui proverbialement : « Boire comme un templier. » On les accusait d’initiations infâmes, d’adorer une certaine tête horrible, à barbe blanche, avec des yeux étincelants, qu’ils appelaient leur Sauveur[2]. Le peuple prétendait qu’ils oignaient et sacraient cette idole de la graisse d’un enfant nouvellement né d’un templier et d’une vierge, cuit et rôti au feu, et qu’à leur entrée dans l’ordre, ils renonçaient au christianisme et crachaient sur la croix. Tels furent les principaux motifs de leur condamnation.

On voit, aux portes de Quimper, les ruines d’une antique commanderie du Temple. C’est probablement là que se passa le fait consigné dans la ballade suivante. Il y a lieu de croire qu’il arriva sous l’épiscopat d’Alain Morel, évêque de Quimper, de 1290 à 1521.

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Je frémis de tous mes membres, je frémis de douleur, en voyant les malheurs qui frappent la terre,

En songeant à l’événement horrible qui vient encore d’arriver aux environs de la ville de Quimper, il y a un an.


  1. Concil. Britann., p. 360.
  2. Raynald, p. 232, et p. 261.