Page:Barzaz Breiz, huitième édition.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
205
L’HERMINE.

XXVIII

LE BARON DE JAUIOZ

— DIALECTE DE CORNOUAILLE —

ARGUMENT

Louis, baron de Jauioz, en Languedoc, était fils de Randon I" et de Flore de Cailus ; son nom appartient à l’histoire du quatorzième siècle et se lie souvent aux principaux événements c’e la fin de cette grande époque. Nous le voyons sous les ordres du duc de Rerry, son suzerain, comliattre et chasser les Anglais de France (1378) ; nous le retrouvons sous les mêmes drapeaux en Flandre, triomphant des mêmes ennemis. Il prend part à toutes les victoires qu’y remporte le roi de France ; il est à Ypres, à Cassel, à Gravelines, au siège de Bourbourg. Quelques années plus tard, il fait son testament à Aigues-Mortes et s’embarque pour la terre sainte. Son sceau, en cire rouge, porte un écusson à trois pals et un chef chargé de trois hydres ; pour cimier, deux longues oreilles, et pour légende : S. Lous de Jauioz[1]. S’il faut en croire les poètes populaires bretons, et si la tradition n’a point substitué un nom à un autre dans leur chanson, il aurait, pendant un voyage qu’il aurait fait dans sa vieillesse en Bretagne, acheté à prix d’or une jeune fille du pays qui serait morte de chagrin en France. Le Gonidec, dont la mémoire sera toujours chère aux amis de la langue bretonne, m’a procuré la meilleure version de la ballade où sont racontés les malheurs de celte jeune fille.


I

Comme j’étais à la rivière à laver, j’entendis soupirer l’oiseau de la Mort :

— Bonne petite Tina, vous ne savez pas ? vous êtes vendue au baron de Jauioz.

  1. Chartes des Ordres, v. xv, f. 6933.