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INTRODUCTION

sort de la plupart des pièces héroïques ou historiques de ce recueil. Oui, leur première inspiration remonte à l’objet même qui a frappé les poëtes, et admettre que les chants relatifs aux événements des trois derniers siècles sont contemporains des sujets, c’est admettre implicitement le même fait pour ceux des époques antérieures. Qu’on prenne au hasard le premier venu, on y verra le siècle revivre avec le caractère et les couleurs qui lui sont propres.

Si le temps et la circulation ont rendu moins saillant le type de certaines médailles poétiques, si les traits sont plus vagues et les lignes moins accusées qu’à l’époque où elles furent frappées, la rude main des âges n’a pu effacer complètement l’empreinte primitive, toujours distincte et saisissable.

Quant aux chansons de fêtes et d’amour, quoiqu’il soit moins facile de déterminer leur date d’une manière précise, les sentiments qu’elles expriment n’ayant point d’âge, elles offrent néanmoins çà et là des caractères certains de contemporanéité.

Le fils du lépreux se sent mourir, consumé par le mal affreux qui n’a cessé qu’à la fin du quinzième siècle en Bretagne : tout le monde le fuit, et même celle qu’il aimait.

Le meunier qui chante ses amours avec la belle meunière de Pontaro parle, comme de son seigneur, du jeune baron Hévin de Kymerc’h, que la généalogie de cette maison fait vivre en 1420.

Les légendes rentrent, en partie, comme nous l’avons remarqué, dans la classe des chants historiques, et ce que nous disons des ballades leur est souvent applicable.

Dans la légende rimée de saint Efflamm, Arthur n’est pas invincible, il a besoin, pour ne pas périr, d’un secours miraculeux ; il n’a ni le costume, ni les mœurs empruntées que lui donneront les trouvères du moyen âge ; ce n’est pas encore le roi chevalier, c’est une sorte de Thésée aux prises avec des monstres. Le chef armoricain Gradlon est dépeint, dans la légende de saint Ronan, comme un monarque imprudent, témé-