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INTRODUCTION.

répète, elles ne m’ont jamais offert ni modification intime, ni variation rhythmique de nature à préjudicier gravement, soit à leur fond, soit à leur forme.

Si nous avons contre notre opinion le sentiment de Walter Scott, nous sommes heureux de pouvoir lui opposer l’autorité plus grande encore des frères Grimm; ils sont même allés jusqu’à dire que « le peuple respecte trop ses chants populaires pour ne pas les laisser tels qu’ils ont été composés et tels qu’il les a appris. »

Il est pourtant une réserve dont l’expérience et les recherches comparatives font un devoir, même en présence de pareils maîtres; le respect du peuple pour ses vieilles cantilènes, et la bonne foi avec laquelle il les transmet, n’excluent pas certaines confusions qui étonnent les collecteurs sous la plume desquels elles tombent au bout de plusieurs siècles. Je veux parler de l’attribution si ordinaire des aventures d’un héros des vieux âges à un héros venu plus tard, par suite de leur rapport, soit de nom, soit de caractère. C’est bien le cas de dire que le mort saisit le vif, mais il faut avouer que s’il lui doit un heureux surcroit de vie et de popularité, c’est souvent au détriment de sa physionomie primitive et de la tradition historique. Ai-je besoin de remarquer que les interpolations ne diminuent cependant en rien la considération du peuple pour les gens qui le passionnent par le récit des grandes choses d’autrefois?


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Le peuple, en effet, écoute les chanteurs nationaux avec un recueillement religieux, et ceux de la Bretagne méritent son respect. Leur rôle n’est pas seulement d’amuser et