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VII
PRÉFACE.

L’histoire, dis-je, car ce qui frappe le plus dans cette suite de morceaux épisodiques, sans lien apparent, œuvre de plusieurs milliers de poètes rustiques inconnus les uns aux autres et même séparés par les siècles, c’est le caractère commun, c’est le sentiment patriotique, c’est le drame merveilleux qui résulte de tant de scènes diverses, c’est l’expression énergique et fidèle d’une nationalité vivace que la France a eu tant de peine à absorber. On sent battre là le cœur d’une noble race ; les poètes nationaux lui ont donné une voix ; ils se sont faits l’organe des passions de tous ; l’opinion s’est incarnée en eux ; ils ont chanté jour par jour les faits et gestes de leur pays avec l’accent du patriote et l’émotion du témoin oculaire. Voilà l’histoire vivante dont ma mère a écrit les premières pages sous la dictée d’un contemporain de quinze siècles.

Sans aucun doute cette histoire s’est plus d’une fois transfigurée ; aussi l’ai-je appelée poétique. Mais combien de détails intimes, de particularités de mœurs qui échappent aux historiens, la poésie bretonne a sauvés ! comme sa naïveté est précieuse et instructive ! Je ne fais que répéter ce que vingt critiques ont écrit ; pour les plus indifférents au côté patriotique, c’est le fond même des chants bretons qui a paru plein d’intérêt ; ce sont les croyances et les sentiments qui ont charmé par leur énergie ou leur grâce ; ce sont les coutumes, les usages du pays, décrits avec une vigueur si précise ; c’est l’originalité, c’est l’infinie délicatesse, caractère même de la