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l’ai suivie. À ces libertés indispensables se bornent toutes celles que je me suis cru autorisé à prendre.

Quoique ces poésies aient été recueillies, soit en Tréguier, soit en Léon, soit en Cornouaille et en Vannes, ou, selon les divisions françaises, dans les départements des Côtes-du-Nord, du Finistère et du Morbihan, elles sont presque toutes populaires dans chacun de ces pays, et passent avec une facilité extrême du dialecte léonnais dans celui de Tréguier, ou réciproquement, et de ceux-ci dans le dialecte de Cornouaille, duquel elles passent aussi parfois, mais plus rarement, dans le dialecte de Vannes. On conçoit que dans ces voyages, elles perdent en partie leur cachet, comme des médailles leur empreinte ; toutefois, ce n’est pas au point qu’on ne puisse plus distinguer le type primitif ; en les cherchant dans les pays auxquels elles semblent appartenir, on les y retrouve dans toute leur pureté ; mais il est des nuances tellement délicates, il y a une telle affinité entre quelques-uns des dialectes bretons, entre celui de Tréguier et celui de Cornouaille, par exemple, que je n’ose me flatter d’avoir toujours réussi à les publier dans celui qui leur convenait.

Les contractions que font subir à des mots identiques la variété des idiomes locaux, et surtout les règles importantes des consonnes muables, lesquelles sont encore plus multipliées et plus difficiles à suivre dans les langues dites celtiques que dans les langues orientales[1] pourraient faire croire au premier

  1. En vertu de ces règles, le b se change en r et en p, le k en g et en c’h, (prononcez rh), le d en z et en l, le g en c’h et en k, le g suivi d’un w en kw et en w. l’m en r, le p en b et en f, le t en d et en z, l’s en z. Par exemple, si le mot bras était breton, en parlant d’un homme, on dirait : Son vras ; en parlant d’une femme, le mot resterait le même ; mais en adressant la parole à quelqu’un, homme ou femme, on lui dirait : Votre pras. Si le mot koryle appartenait aussi à la langue bretonne, dans le cas où il s’agirait de celui d’un homme, on dirait : Son goryle ; de celui d’une femme : Son c’horyle. En supposant encore que le mot pied fut pareillement breton, du pied d’un homme on dirait : Son bied ; de celui d’une femme : Son fied. La personne qui parlerait d’elle-même dirait : Mon fied ; à une autre : Ton bied. Les lettres mobiles se changent de la sorte, non-seulement après les pronoms possessifs et personnels, mais après