Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Blanche, com’ fleur de lys nouvelle
Moult était richement vêtue :
Est droit à Perceval venue.
Par Dieu, le roi de majesté,
L’a moult bonnement salué.
Perceval son salut lui rent,
Qui bien savait à escient
Qu’elle était sa germaine suer (sœur).
Mais ne veut découvrir son cuer (cœur)
Mie, si tost, ainz (mais) veut atendre
A demander et à entendre
Combien a que mourut sa mère,
Et s’il n’a mais (plus) ne suer ne frere.
Oncle, parent ni autre ami.
Assis se sont illec (là) andui (tous deux).
La damoiselle a commandé
A un keu (cuisinier) qu’il hast (hachât) la viande,
Et puis à Perceval demande :
— Sire, où géutes- (couchâtes) vous ennuit (cette nuit) ?
— Là ou n’eus guères de déduit (plaisir),
Fait Perceval, en la foret. —
La damoisele sans arret
Commença des yeux à lermer (pleurer).
Perceval la vit soupirer.
Si lui dit : Qu’avez-vous, suer belle ?
— Sire, ce dit la damoiselle.
Pour vous me souvient de mon frère
Que ne vis desque (depuis que) petite ère (j’étais).
Et ne sais s’il est vif ou mort.
Mais en lui est tous mon confort ;
Espérance ai qu’encor le voie.
Je ne sais que plus en diroie ;
Mais quand vois aucun chevalier,
Si ne me peut le cœur changier
Ni muer qu’il ne m’attendrie.
— Certes, fait Perceval, amie,
Nul hom’ ne s’en doit merveiller (étonner) ;
Mais or me dites, sans tarder,
Si vous serour (sœur) ni frère avez.
Plus que celui que dit avez.