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Qui aimer a à son talent ;
N’est merveille s’il y entend.
Du chevalier vous dirai voir (vérité),
Il y entend à son pouvoir ;
Et la dame de l’autre part
Et du parler et du regard.

Les nuits quand la lune luisait,
Et son sire couché était,
D’auprès de lui souvent levait,
Et de son mantel s’affublait,
A la fenêtre ester (s’asseoir) venait
Pour son ami qu’elle y savait.
Tant elle y fut, tant se leva.
Que son sire s’en courrouça.
Et maintes fois lui demanda
Pourquoi levait et où alla ?
— Sire, la dame lui i-épond.
Il n’en a de joie en ce mond’
Qui n’ouït le éostik chanter ;
Pour ce me vois ici ester.
Tant doucement l’ouïs la nuit.
Que moult me semble grand déduit (plaisir).

Quand li sire ouït ce qu’elle dit,
De ire (colère) et mal talent (pitié) en rit.
De une chose pourpensa (résolut),
Que le éostik engluera (prendra)
Il n’eut valet en sa maison
(qui) Ne fît engins, rets, ou laçon.
Puis les mettent par le verger ;
Ni eut coudre (coudrier) ni châtaignier
Où ils ne mettent lacs ou glu.
Tant que pris l’ont et retenu.

Quand le éostik ils eurent pris.
Au seigneur fut rendu tout vif.
Moult est joyeux quand il le tient.
A chambre la dame s’envient ;
— Dame, fait-il, où êtes-vous?
Venez avant parler à nous.