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Je ai le éostik englué. !
Pour qui vous avez tant veillé :
Desor (désormais), pouvez dormir en paix,
Il ne vous éveillera mais. —

Quand la dame l’a entendu,
Dolente et courroucée en fut ;
A son seigneur l’a demandé,
Et il l’occit par engresté (mauvaise humeur).
Le col lui rompt od (avec) ses deux mains
(De ce fit-il que trop vilain !)
Sur la dame le corps jeta,
Si (bien) que son cainse (corsage) ensanglanta
Un peu dessus le sein devant.
De la chambre sort à l’instant.

La dame prend le corps petit,
Durement et pleure et maudit
Tous ceux qui le éostik trahirent.
Et les engins et lacets firent.
Car moult l’ont irritée grand hait (vivement).
— Hélas ! fait-elle, mal m’estuet (m’arrive) !
Ne pourrai plus la nuit lever,
Aller a la fenêtre ester.
Où je soûlais mon ami voir,
Il pensera que je me feigne (moque) :
De ce faut-il que conseil prenne :
Le éostik lui transmetterai,
L’aventure lui manderai. —

En une pièce de samit (taffetas)
A or brodé et tout écrit,
A l’oiselet enveloppé,
Un sien valet a appelé,
Son message lui a chargé,
A son ami l’a envoyé.
Il est au chevalier venu,
Par sa dame lui dit salut.
Tout son message lui conta,
Et le éostik lui présenta.