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LA FONTENELLE LE LIGUEUR.


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ARGUMENT.


Un des plus fameux partisans qu’eut la Ligue en Bretagne, était La Fontenelle.

« Guy-Eder de la Fontenelle, juveigneur de la maison de Beaumanoir, dit le chanoine Moreau, nasquit en la paroisse de Botoa, d’autres disent de Prat, en Cornouaille. Dans le temps qu’il estoit escolier à Paris, au collège de Boncotest, où je le vis en 1587, il monstroit déjà des indices de sa future vie despravée, estant toujours aux mains avec ses compagnons. En 1589, il vendit ses livres et sa robe de classe, et, du provenu de l’argent, acheta une espée et un poignard, se déroba dudit collège, prit le chemin d’Orléans pour aller trouver l’armée de M. le duc du Maine, lors lieutenant général de l’Estat et couronne de France, et chef du parti catholique, et retourna en Bretagne. Asgé de quinze a seize ans, il se mit parmi la populace qui estoit sous les armes pour le parti des ligueurs, qui en fit estat, parce qu’il estoit de bonne maison et du païs, et, le voyant d’un esprit actif, lui obéissoit fort volontiers. Il se fit suivre de quelques domestiques de son frère aisné, et d’autres jeunes seigneurs de la commune, et commença à piller les bourgades, et à prendre prisonniers de quelque parti qu’ils fussent. Il donna plusieurs alarmes à Guingamp, dont le gouverneur tenait pour le roy, encore que la ville fust au seigneur de Mercœur, de la part de sa femme, duchesse de Penthièvre, qui portoit sur-nom de Bretagne...

« Il fit à la sourdine une course en Léon, jusques à Mesarnou, et enleva la fille de la dame du lieu (Marie de Coadelan, fille de Lancelot le Chevoir et de Renée de Coetlogon), héritière de mère et de père, riche de neuf à dix mille livres de rentes, asgée seulement de huit à neuf ans. »

Ce dernier trait est le sujet d’une des milles chansons populaires dont La Fontenelle est le héros. La plus remarquable a été recueillie, il y a plusieurs années, par M. le comte de Kergariou, dont la rare sagacité avait deviné la mine poétique si exploitée aujourd’hui, longtemps avant que personne songeât à en tirer parti.