Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’intervention de la force armée ne saurait arrêter le désordre ; on peut voir, après la bataille, le lit du ruisseau qui sépare les évêchés de Quimper et de Vannes encombré des tronçons de sabres des gendarmes. En 1766, dit un écrivain du dernier siècle, l’évêque de Cornouaille défendit au recteur de Duhot d’ouvrir la chapelle de Saint-Servet et de célébrer le pardon. Le prêtre voulut obéir ; mais les Vannetais, s’étant rendus au presbytère, l’enlevèrent de force, le placèrent sur leurs bâtons, avec lesquels ils avaient formé une espèce de brancard, et le portèrent jusqu’à la chapelle, où ils le forcèrent de chômer la fête patronale. Ainsi, comme le remarque, avec sa justesse d’observation habituelle, M. Alfred de Courcy, dans une des études les plus piquantes qui aient paru sur les Bretons ; ainsi la puissance de la tradition est telle en Bretagne, qu’elle y triomphe souvent de la religion elle-même.