Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



LA CHANSON DU PILOTE,


OU


LE COMBAT DE LA SURVEILLANTE.
______


ARGUMENT.


On sait quel enthousiasme excita en France la guerre d’Amérique ; il ne fut pas moins vif en Bretagne. Le sort de trois millions d’hommes que l’Angleterre, leur patrie adoptive, traitait comme des esclaves, toucha les populations bretonnes. Toutes les classes de la société voulurent prendre part a l’expédition destinée à la délivrance des Américains ; a aucune époque on ne vit la Bretagne mettre sur pied un plus grand nombre d’auxiliaires et de volontaires. Le premier combat fut livré, au mois de janvier 1780. à la hauteur de l’île d’Ouessant, entre la frégate française la Surveillante, armée par un équipage breton, capitaine du Couëdic de Kergoualer, et la frégate anglaise le Quebec, capitaine Farmer ; il dura quatre heures et demie.

« A peine les Bretons avaient mis le pied sur la frégate anglaise, dit M. de la Landelle, ancien officier de marine et auteur d’une intéressante histoire de du Duguay-Trouin, qu’une double catastrophe termina le combat ; un incendie se déclare à bord du Québec, une voie d’eau à bord de la Surveillante. Les Français regagnent leur navire et courent aux pompes ; les Anglais cessent d’être des ennemis : du Couëdic ne songe plus qu’à les sauver ; un canot lui reste, il le met à la mer pour aller recueillir l’équipage de la frégate incendiée. Heure sublime ! cet équipage lui-même unit ses forces à celles des Français pour sauver la Surveillante : vainqueurs et vaincus sont désormais des frères. Rentré au port, du Couëdic mourant ne voulut pas voir dans les Anglais des captifs, mais des naufragés ; ils ne furent point traités en prisonniers de guerre. » Écoutons maintenant la chanson du pilote de la Surveillante.