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LA FÊTE DE L’ARMOIRE.


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ARGUMENT.


Les cérémonies des noces sont à peu près les mêmes en Tréguier qu’en Cornouaille. Les mœurs sont plus graves en Léon ; ici, le jour le plus gai des noces est le troisième, où l’on porte chez le mari l’armoire de la jeune femme. Celle armoire est en noyer ; elle est luisante à s’y mirer ; les ferrures sont de cuivre et brillent comme de l’or ; quatre bouquets en relèvent les quatre coins. Elle est portée sur une charrette traînée par des chevaux dont la crinière est tressée et ornée de rubans.

Mais lorsque les parents de la mariée veulent faire entrer le meuble dans la demeure du mari, les gens de la maison le repoussent, et une longue lutte s’établit entre eux. Enfin on se raccommode ; la maîtresse du logis couvre l’armoire d’une nappe blanche, y pose deux piles de crêpes, un broc de vin et un hanap d’argent. Le plus vénérable des parents du mari remplit la coupe, la présente au plus âgé des parents de l’épousée, puis l’invite à manger ; l’autre trempe ses lèvres dans la coupe, et la lui repasse, en lui offrant pareillement des crêpes. Chacun des parents des deux côtés les imite ; et l’armoire est placée, au milieu des bravos, dans le lieu le plus apparent de la demeure.

On chante peu en Léon ; la fête de l’armoire souffre cependant exception. Il y a une chanson que nous avons entendu chanter au banquet qui suit la cérémonie que nous venons de décrire : c’est un dialogue entre une veuve et un jeune homme qui vient la demander en mariage.