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LA FÊTE DE JUIN.


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ARGUMENT.


La fête du mois de juin est une des fêtes les plus anciennes de la Bretagne ; malheureusement elle ne se célèbre plus guère que dans quelques cantons du pays de Vannes et dans quelques hameaux des montagnes de la Cornouaille, où chaque année elle renaît avec les feuilles.

C’est près d’un dolmen que l’on se réunit et qu’on danse. Évidemment elle a une origine druidique, et doit être un débris des cérémonies religieuses qui se célébraient, chez les anciens Bretons, au solstice d’été.

Des vieillards nous ont appris que, de leur temps, on n’était admis il la fête qu’à l’âge de seize ans ; une fois marié, on perdait le droit d’y assister.

Les garçons avaient coutume de porter a leurs chapeaux des épis verts, et les jeunes filles, dans leur sein, des bouquets de fleurs de lin, qu’elles déposaient, en arrivant, sur la pierre du dolmen. Ces bouquets y restaient des semaines entières aussi frais, dit-on, que le matin où ils avaient été cueillis si les amants étaient fidèles, mais se flétrissaient dès l’instant où ils cessaient de l’être.

On se souvient que les monuments druidiques servaient de moyen d’épreuve, et qu’on les appelle « pierres de la vérité. » Un concile tenu à Nantes, en 658, défend d’y déposer aucune offrande, et ordonne aux évêques de les détruire de fond en comble[1].

  1. Lapides quos in ruinosis locis et silvestribus daemonum indicationibus decepti venerantur ubi et « vota vovent et deferunt, » fundidus effodiantur. (Concil. Nannet., ap. D. Morice, Preuves de l’Histoire de Bretagne, 1. 1, col. 229.)