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sa chère Bretagne. Pour lui donner la force de se vaincre une dernière fois, il faut que Dieu lui crie : « Courage ! » Alors, il reprend son essor, « et foulant aux pieds le soleil et les étoiles, » il entre enfin au ciel. « Son corps, comme un vaisseau perdu, l'a jeté au port, à travers les vents, la pluie et la tempête ; son vaisseau s’est brisé contre les rochers du château de la Vie, dont la mort lui ouvre les portes. « Les saints et les saintes s’avancent pour le recevoir ; on le conduit devant le trône de la Trinité. Jésus le couronne et lui dit : « Vous êtes semblable au rosier q li perd ses fleurs l’hiver, et refleurit l’été. » Immortel rosier, il s’élève « au bord du ruisseau de la vie dans le jardin du paradis ; » désormais il fleurit toujours, et « de petits anges au teint frais et rose voltigent au-dessus de sa tête. comme un essaim harmonieux et parfumé d’abeilles dans un champ de fleurs. »

Devant ce poétique et gracieux tableau dont la religion lui a donné l'idée, et que son cœur a peint, le Breton consolé répète son exclamation habituelle :

« O bonheur sans pareil ! plus je pense à vous, plus je vous désire ! Vous consolez mon cœur dans les peines de cette vie ! »

Ainsi retranché dans ses mœurs nationales comme dans sa presqu’île ; défendu par sa langue et par son caractère comme par ses montagnes ; dévoué à son Dieu et à sa patrie jusqu’au martyre ; fidèle aux souvenirs et aux traditions du passé jusqu’à la superstition ; coutumier jusqu’à la routine, qui perpétue le mal, il est vrai, mais qui rend le bien éternel, sans rendre le mieux impossible ; enfin, de plus en plus humain, moral, honnête et sociable, à mesure que la religion et que l’éducation l'éclairent et le forment, le Breton, toujours le même par le cœur, depuis douze siècles, toujours le front calme et serein, s’avance d’un pas ferme et sûr au milieu des tombeaux, pleins d’échos, de ses pères, vers un point rayonnant du ciel que lui montrent au loin l’Espérance et la Foi.


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