l’en dépouille tout à fait, c’est toujours la vërité salutaire qui mêne au ciel.
Si pour peindre les images sombres de la foi chrétienne, il pousse parfois jusqu’à l’horreur l’exagération poétique, il épuise, pour peindre le terme de ses espérances célestes, le trésor de sa riche imagination.
Dans son enfance païenne, il faisait du ciel un grand jardin plein de fruits d’or, de fleurs brillantes et de petits enfants rieurs[1] ; dans sa jeunesse, une île verte éclairée par l’aurore, où de jeunes garçons et de belles jeunes filles se livrent au plaisir de la danse, qu’il aimera toujours, à l’ombre de bosquets de pommiers dont les fruits, pendants sur leurs têtes, leur promettent la liqueur qu’il aimera longtemps[2] ; maintenant, ses sens, moins grossiers, permettent à son esprit de rêver des plaisirs plus purs. « Les nuages fuient, le jour brille[3]. « Vive et gaie comme une alouette, son âme monte vers le ciel. Quelque amer qu’ait été pour lui tout ce qu’il quitte, il ne peut s’empêcher de jeter trois fois à la dérobée « un petit regard vers en bas[4] » On dirait que son aversion pour tout changement, que son instinct de l’habitude le suit au delà du tombeau ; on dirait que la résignation est devenue tellement sa nature, qu’au moment de partir il hésite à échanger sa misérable vie contre le bonheur même. Il regarde son corps, il lui fait les plus touchants adieux ; il honore en lui, dit-il, « un vase de terre qui a contenu des parfums. » Il regarde avec amour son pays de basse Bretagne, où cependant il n’a trouvé souvent que gêne, pauvreté, misère et que peines d’esprit. Il prend congé de lui presque à regret : son amour ardent pour le sol natal diminue presque la joie qu’il éprouve en montant vers la vraie patrie. Au moment où il va y être reçu, il détourne encore furtivement la tête vers