Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Celle ballade est une des plus populaires de Bretagne ; elle se chante dans les dialectes de Cornouaille, de Tréguier, de Léon et de Vannes. Elle n’est pas antérieure au quinzième siècle, car l’église du Folgoat n’a été bâtie qu’à cette époque, et c’est elle qui a donné naissance au village où elle s’élève. Il y a lieu de la croire du milieu du siècle suivant, le P. François dont elle fait mention étant probablement Maistre François du Fou, doyen en l’église collégiale du Folgoat, qui comparut à Nantes, le second jour d’octobre de l’an 1509, pour la rédaction des reformations des Coutumes de Bretagne. Le petit manoir de Pouliguen existe encore à quelques lieues du Folgoat. Le bourg de Guigourvez est aussi dans les environs. La cause de l’immense popularité de notre ballade vient sans doute de l’idée sur laquelle elle repose, idée que nous avons déjà vue développée dans celle du Frère de lait, et qui fait le sujet de mille autres chants populaires.

Sous l’empire d’une pareille croyance, l’épreuve devenait un moyen naturel de découvrir la vérité ; on ne pouvait supposer que la Providence permît la mort de l’innocent. L’épreuve est encore en usage chez certaines peuplades sauvages ; elle l’était jusqu’à une époque assez rapprochée dans toute l’Europe, comme en Bretagne. Son origine remonte peut-être aux Celtes ; on sait que pour éprouver la vertu de leur femme, ils livraient au courant du fleuve leur enfant sur un bouclier, ou bien qu’ils la conduisaient à certaines roches druidiques appelés pierres de la vérité, ou pierres branlantes, qu’elle devait faire mouvoir sous peine de passer pour coupable. Cette dernière épreuve se pratique encore en Bretagne, mais jamais aucune femme ne manque d’ébranler le rocher.