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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

ber à genoux devant mon lit pour demander à Dieu justice, pitié ou pardon ! Si je ne mérite pas mes tortures, qu’il me fasse justice ! Si j’ai commis des abominations, qu’il pardonne ! S’il existe, s’il est tel qu’on. nous l’enseigne, il doit faire justice, il doit avoir pitié, il doit pardonner. Jen’ai que lui, ił est donc naturel que j’aille le trouver et que je l’adjure de ne pas m’abandonner au désespoir, de ne pas m’induire dans le péché,. de ne pas me laisser douter, blasphémer, mourir. Mon péché est sans doute comme mon tourment, je. commets sans doute à chaque instant de petites infamies qui forment un total efroyable. Tout à l’heure j’ai durement répondu à ma tante, mais

je pleurais la tėte dans les mains et sommais Dieu de s’occuper de moi. Ah ! misère des misères ! Il ne faut pas qu’on me voie pleurer, on croirait que je pleure d’amour et j’en… pleurerais de dépit. ne pouvais pas ; elle est entrée au moment où Mercredi 19 février. Il faut faire quelque chose pour me distraire. Je le dis par cette stupide raison qu’on a d’imiter ce qu’on écrit dans les livres. A quoi bon se distraire ? Le tourment est encore une jouissance, et puis, je ne suis pas comme les autres et je déteste toutes ces choses que l’on fait pour se soigner au moral et au physique, parce que je n’y crois pas.

NICE. Vendredi 24 février. — Eh ! bien, je suis à Nice ! J’ai voulu prendre un bain d’air, m’inonder de lumière et entendre le bruit des vagues. Aimez-vous la mer ? Moi, j’en suis folle, il n’y a qu’à Rome où je l’oublie… presque. J’ai voyagé avec Paul.. On nous prenait pour le