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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

DE MARIE BAŞIIKIRTSEFF. 135

tion ! R.-F. m’a grondée. me désoler ; m’appliquant surtout à la couleur, j’oublie la construction que je retrouverai quand la couleur ne me troublera plus ; on ne perd pas ce qu’on a. C’est égal, je suis dans un nuage noir. Donc ces enfants de L… sont une chose curieuse. ne faudrait pourtant ne pas Ils sont habitués à étre donnés en spectacle et exécutent des mouvements ordonnés ; au bout de cinq minutes de séjour, ils étaient comme chez eux ; ils ont demandé que je fasse leurs portraits, chacun a posé à son tour ; j’ai mis quatre ou cinq minutes à les croquer tous les sept, et l’ainé a trouvé que c’était très bien fait, et puis il a voulu que je mette les numéros et les noms sous chaque figure. Je suis abrutie, déferrée, embétée. Lundi 9 juin. et

lourd qui me rend bonne à rien. J’ai travaillé toute la journée, du reste… Je suis bien décidée maintenant à ne plus manquer au travail, mais je suis rompue. Ge soir, nous allons au bal des Affaires étrangères. Je serai encore laide ; je suis endormie et je voudrais bien me coucher. — G’est sans doute le temps chaud Je n’ai pas soif de succès d’estime, et je sens que je serai laide et bête.

Je ne pense même plus aux « conquêtes ». Je m’habille bien, mais je n’y mets plus d’áme et je ne me souviens jamais de penser à l’effet que je produis. Je ne regarde rien et personne, et je m’ennuie. Il n’y a que la peinture. Je n’ai plus d’esprit, je n’ai plus d’à-propos ; quand je veux parler je suis terne ou extravagante, et puis… Il faut que je fasse mon testament, car cela ne durera pas.