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JOURNAL

Samedi 14 juin. J’ai dessiné cette semaıne et on a trouvé que ce n’est pas assez bien pour moi. Assez du monde !

Dimanche 15 juin. – Pour le moment, j’envoie promener tous mes soucis et je suis bien décidée à travailler. Julian est un grand homme, quant à la façon dont il entend les devoirs qui m’incombent, et il dit qu’il FAUT que j’arrive, justement parce que… Nous nous entendons, aimable postérité, n’est-ce pas ? Il faut commencer l’année prochaine, dit toujours l’illustre directeur des Folies-Julian. Oui, c’est convenu et vous verrez bien, grand-père Julian, que j’ai du sang dans les veines ! En somme, vous m’excitez pour l’argent que je rap. porte et l’honneur que je rapporterais à l’atelier, qu’importe ! Et puis, que je travaille bien ou mal, vous êtes payé tout de même. Vous verrez, si je ne suis pas morte !… Le ceur me bat et j’ai la fièvre en pensant qu’il ne me reste plus que quelques mois.

Je travaillerai beaucoup, autant que possible tout le temps. Demain, j’irai à Versailles, mais si je ne manque que pour aller à Versailles, cela ne sera pas énorme ; tout au plus, tout au plus une après-midi par semaine.

Julian a déjà constaté une reprise de travail respectable, il va voir et je ne manque jamais de faire mes compositions hebdomadaires, J’ai un album où je les projette, numérote et intitule, en marquant la date de chacune.

Samedi 21 jrin. Voilà près de trentc-six