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JOURNAL

vant des rois, mais je ne puis pas adorer ou estimer complètement un homme qui s’inclinerait. Ce n’est pas que je refuse les rayons… non ; il est bien entendu, n’est-ce pas, que je serais ravie d’être la · femme d’un attaché à une ambassade ou à une cour ? (Sėulement, ils sont sans dot ces gens-là : ils en veulent une.}

Mais ici, je parle de mes sentiments intimes. J’ai toujours pensé cela, mais on ne sait pas toujours dire ce qu’on pense. Je veux bien d’une royauté constitutionnelle, comme’en Italie ou en Angleterre, et encore ! Je me révolte de voir ces saluts à la famille royale, c’est une humiliation inutile. Quand le roi est sympacomme l’était Victor-Emmanuel, qui représentait et servait une grande idée, ou comme l’est la reine Marguerite, qui est adorable et bonne, passe ! Mais ce sont des accidents heureux, et il est bien plus naturel d’avoir un chef éligible, et par conséquent éternellement sympathique, entouré d’une aristocratie intelligente. L’aristocratie ne se détruit pas et ne se crée pas en un jour ; elle doit se maintenir, mais ne pas se renfermer pour cela comme dans une citadelle stupide. Les anciens régimes sont la négation du progrės et de l’intelligence ! 1 ! On crie contre les hommes, qu’est-ce donc que cela ! Les hommespassent et l’on s’en débarrasse quand on n’en veut plus. On prétend que le parti républicain est plein d’hommes tarés. Je vous ai déjà dit, il y a des mois, mon idée là-dessus. On me parle de haine absurde contre la personne des rois. Ce n’est pas là la question. Ce n’est pas l’homme qui est mauvais, c’est la fonction qui est inutile. Je respecte les familles illustres ; il y en a eu, il y en a, il y en aura ; le pays doit les honorer, mais de là à se