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JOURNAL

PARIS. Mercredi 17 septembre. un mercredi, jour favorable, un 17, date plutôt bonne, que je commence à me préparer à sculpter. Je suis allée m’informer des ateliers. Robert-Fleury est venu hier à l’atelier ; il n’y avait pas grand’chose à corriger, il m’a donc donné de bons conseils en m’engageant à travailler le côté peintre, qui me manque jusqu’à présent, malgré les qualités de construction, dessin, caractère, ressemblance, etc. Eh oui ! aussi vais-je faire de la sculpture au gaz, au lieu de dessiner. Vous comprenez, je ne perds pas la couleur, puisque je peins tant qu’il fait jour et, aussitôt le jour parti, je sculpte. Est-ce convenu ? Oui, bien. Je me suis promenée avec Amanda (la Suédoise forte) et elle m’a raconté sa visite à Tony (qui a été très gentil pour moi, hier), avec lequel elle a parlé de toutes les élèves. Il lui a dit que A… pécherait toujours par le dessin et la construction, etc. En effet, elle produit des toiles insensées, des têtes à fluxion, des yeux de travers, etc. Quant à Breslau, il dit qu’elle n’a pas fait assez de progrès, et Julian ajoute que son talent n’est que de l’application. Emma est très bien douée, mais pas de travail et des idées folles. Et moi, extrêmement bien douée et en même temps travailleuse, appliquée, sévère ; progrės étonnants et rapides, dessins très bons ; en un mot « un concert de louanges ». C’est donc vrai, puisqu’ils le disent à des étrangers ? Enfin, cela me donne du courage, je travaillerai mieux et encore plus :

J’ai envie d’aller à la campagne, une vraie campagne avec des arbres, des gazons, un parc. De la verdure comme Schlangenbad, ou même Soden, au lieu de ce sot et aride Dieppe ! Et on dit que je n’aime pas la campagne !

— C’est aujourd’hui