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JOURNAL

deux ans à l’atelier, il me semble tout drôle de causer avec lui et qu’il m’aide à mettre ma pelisse. Encore un peu et nous serons une paire d’amis. Sans ce portrait, je serais bien contente, car mon maitre est tout ce qu’il y a de meilleur pour moi. Lundi 23 novembre.

— Nous sommes allées inviter Julian à diner et il a fait vingt mille façons, disant que cela lui ôterait toute autorité sur moi et qu’alors il n’y aurait plus moyen de marcher ; d’autant plus que le moindre semblant de complaisance de lui à moi semblerait du népotisme éhonté. On dira que nous lui donnons à diner et que je fais ce que je veux chez lui, parce que je suis riche, etc. Le brave homme a raison. C’est, du reste, un système excellent de perfidie. L’Espagnole en a usé avec Breslau, qui a fini par étre malhonnête envers moi, à force de s’entendre dire qu’elle était ma femme de chambre. Mardi 24 novembre. L’atelier du n° 37 est loué et presque aménagé.

J’y ai passé la journée : c’est très grand, avec des murailles grises. J’y ai apporté deux mauvais Gobelins ’qui masquent le mur du fond, un tapis persan, des. nattes de Chine, un grand pouf algérien carré, une table à modèle, un tas de morceaux d’étoffe, des grandes draperies de satinetle d’une nuance indécise, et chaude.

Beaucoup de plâtres : les Vénus de Milo, de Médicis, de Nimes ; l’Apollon, le Faune de Naples ; un écorché, des bas-reliefs, etc. ; un porte-manteau, une fontaine, une glace de 4 fr. 25, une pendule de 32 francs, une chaise, un poêle, un meuble en chêne à tiroir avec’le dessus en boite à couleur, un plaleau complet pour