Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
163
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

même pas à deux fois. Si j’ai des ennuis, est-ce que je me les guérirai en tourmentant les autres ? Ce n’est pas du tout par bonté que je suis bonne, mais parce que j’aurais cela sur la conscience et que cela me tourmenterait. Les gens vraiment égoïst es ne doivent faire que du bien ; en faisant le mal, on est trop malheureux. Il parait cependant qu’il y a du monde qui se plait à faire du mal… Chacun ses goûts. D’autant plus que Paul ne sera jamais rien qu’un gentleman farmer.

Mercredi 34 décembre.-Je dois couver une maladie. Je suis si énervée que je pleurerais pour rien. Nous sommes allées au magasin du Louvre en sortant de l’atelier. Il faudrait Zola pour décrire cette foule agaçante, affairée, dégoûtante, courant, se poussant, ces nez en avant, ces yeux chercheurs ; je me sentais défaillir de chaleur et d’énervement. Maman envoie à la belle Alexandrine Pachtenko (Dieu me pardonne !) une lettre simple et convenable, et voici celle que j’écris moi, sur un papier blanc, uni, avec une petite M, surmontée d’une couronne en or. « Chère demoiselle,

a Mon frère vous apportera le consentement de maman ; moi, je fais des veux pour votre bonheur et j’espère que vous rendrez notre cher Paul aussi heureux qu’il mérite de l’être. En attendant de vous voir parmi nous, je vous embrasse cordialement. « MARIE BASHKIRTSEFF. » Que puis-je dire d’autre ? Paul, taillé en herculo et