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JOURNAL

La jeune femme est assise devant une table de peluche vieux vert d’un ton très riche, et, appuyée sur sa main droite, le coude posé sur la table, lit dans un livre à côté duquel est posé un houquet de violettes. Le blanc du livre, le ton de la peluche et les fieurs à coté du bras nu font bien. La femme est en déshábillé de damas bleu très clair, un fichu de mousseline avec de la vieille dentelle. La main gauche tombe naturellement sur les genoux et semble à peine retenir un coupepapier. La

chaise est en peluche bleu foncé et le fond est une draperie loutre. Le fond et la table sont très bien. La tėte est de trois quarts. Les cheveux adorables, blond doré de Dina, sont défaits ; le crâne se dessine et les cheveux tombent dans le dos à moitié nattés. A trois heures et demie, M. et Mme Gavini arrivent. Nous avons pensé qu’il était impossible de laisser partir le tableau de Marie sans le voir. C’est le départ du premier enfant.

Gavini, m’accompagne au palais de l’Industrie en voiture, pendant que deux hommes portent la toile. Tout cela me donne chaud, froid et peur comme un enter— de sont de braves gens. Lui, rement.

Et puis, ces grandes salles, le hall de la sculpture, sablé, les escaliers, cela fait battre le ceur. Pendant qu’on va chercher mon apporte le portrait de M. Grévy, par Bonnat, mais on le place près d’un mur et le jour empéche de voir. Il n’y a dans toute la salle que le Bonnat, le moi et un fond jaune affreux. Le Bonnat me paraît bien et je suis tout étonnée de voir le moi là. C’est mon premier début, un acte indépendant, public. On se sent seule sur une éminence entourée d’eau… Enfin, c’est fait ; mon numéro est 9091. reçu et mon numéro, on