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JOURNAL

— N’oublions pas que Julian m’a annoncé ce matin que mon tableau cst reçu ; chose eurieuse, je n’en éprouve aucune. satisfaction. La joie de maman m’ennuie. Ce succès-là n’est pas digne de moi. Mercredi 7 uvril.

Samedi 10 avril.. —mon exposition. Il y a quatre numéros d’admission. Breslau a eu le 3 ; moi, j’ai été admise simplement, sans numéro. Si Breslau n’a eu que le 3, c’est juste que je n’aie rien ; mais c’est égal. Il faut sortir dé là. Je n’ai été ni complimentée, ni grondée pour ma tête. Ge n’est pas digne de moi, il faut sortir de là, il faut, il faut, il faut ! Je suis humiliée d’avoir exposé ce que j’ai exposé ; c’est joli, mais pas digne de moi. Je ne suis pas heureuse de Samedi 17 avril.

grande heure chez Tony ; j’y ai fait la connaissance de Robert-Fleury père, qui a été fort aimable et qui m’a dit qu’il est resté quatre ans à dessiner avant de peindre. Le père parti, nous avons causé et j’ai fumé une cigarette. Quant à la peinture par moi apportée, il l’a trouvée bien, et me dit de continuer. Julian a dit aussi qu’avec mon Salon, c’est le plus grand effort que j’aie fait.

L’après-midi, j’ai passé une Jeudi 22 avril.

En somme, mon tableau sera mal placé et inaperçu, ou bien en vue, et alors il m’attirera du désagrément. On dira qu’il n’y a que prétention à tapage, faiblesse insigne, que sais-je ? Je n’ai pas de place à l’atelier. Lundi 26 avril.

Une ravissante Américaine va poser pour moi, à condition que je lui donne l’æuvre. Mais sa petite figure m’empoigne et ce sera presque