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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

y avait un… tas de choses, et l’on est femme tout de même.

Ce matin, je sentais encore ce baiser sur la main, car ce n’était pas le vulgaire baiser de politesse. O les jeunes filles !

Croyez-vous que je sois amoureuse de ce garçon aux larges narines ? Non, n’est-ce pas ? Eh bien, l’affaire A… n’a pas été autre chose. Je me suis battu les flancs pour devenir amoureuse et, les cardinaux et le pape aidant…, je me suis exaltée, mais d’amour ? Ah ! fi. Eh bien, comme j’ai plus de quinze ans et que je suis moins bėte, je n’invente rien et la chose reste normale. Le baiser sur la main m’a déplu, surtout lorsqu’il m’afait plaisir ; il ne faut pas être femme à ce point. Aussi je me promets de faire froide mine à S… ; mais il est si bon garçon, si simple que je serais bėte de jouer quelque comédie ; ça ne vaut pas la peine, il vaut mieux le traiter en Alexis B… C’est ce que je fais. Dina, lui et moi sommes restés jusqu’à onze heures. Dina écoutant et S… et moi lisant des vers et faisant des traductionslatines. Je suis tout étonnée de voir que ce garçon est très fort, du moins notablement plus fort que moi ; j’ai beaucoup oublié et il se souvient très bien de son baccalauréat ès sciences et ès lettres et de sa licence. Je n’avais jamais pensé qu’il fût si instruit. Voyez-vous cela ! Je voudrais en faire un ami… Non, il ne me. plait pas assez pour cela, mais un indifférent familier. Samedi 8 mai.

Quand on parle bas, je n’entends pas !  ! Ce matin, Tony m’a demandé si j’avais vu du Pérugin et j’ai dit « non », sans comprendre. Et comme on est venu me le dire après, je m’en suis tirée, mal tirée en disant qu’en effet, je n’en avais