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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

très sombre où je placerai la petite fille, qui n’a plus de sept ans et qui est charmante. pas

Samedi 31 juillet. bleau sur une toile de 25. C’est fort simple d’arrangement. Les deux enfants sont assis sous de beaux arbres au tronc couvert de mousse ; il y a une éclaircie dans le haut de la toile par laquelle on voit la campagne d’un vert clair. Le garçon, qui a une dizaine d’années, est assis de face, un livre d’école sous le bras gauche, les yeux dans le vague. La petite fille, qui a six ans, le tire par l’épaule d’une main et, de l’autre, tient une poire. La tête est de profil, elle a l’air de l’appeler. On voit les deux enfants jusqu’aux genoux seulement, car c’est grandeur nature. Avant de quitter Paris, j’ai lu Indiana, de Georges Sand. Et je vous assure que cela n’est pas amusant ! N’ayant lu que la Petite Fadelte, deux ou trois autres nouvelles et lndiana, je ne devrais peut-être pas me prononcer… Mais jusqu’à présent je ne goûte pas du tout ce talent.

Pourtant, pour que tout le monde l’ait proclamé si haut… Enfin, je n’aime pas cela, moi. C’est comme les Vierges de Raphaël ; ce que je vois au Louvre me déplaît. J’ai vu l’Italie avant de pouvoir juger, et alors ce que j’ai vu in’a déplu également. Ce n’est ni divin, ni terrestre, à ce qu’il m’a semblé, c’est conventionnel et cartonneux. Hier, j’ai commencé mon taJ’ai voulu monter à cheval…, mais je n’ai envie de rien et, quand je passe une journée sans travailler, j’ai d’affreux remords, et il y a des jours où je ne peux rien faire ; alors je me dis que, si je voulais, je pourrais, et alors des querelles avec moi-même, et cela finit par un láchez tout ! Ça n’est pas la peine