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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Non ! j’en étais rouge et påâle. Du reste, a du bon.

il faut voir l’importance qu’on me donne à l’atelier, je suis la plus forte ; et on fait tant et tant que je parle presque avec ónction, comme Cassagnac. Mais ne craignez pas que ce triomphe-là me tourne la tête. Je suis heureuse pour ma peinture, et en général je vais mieux.

Ces mains sont peintes sur une toile de six ; la gauche appuyée, aplatie sur la table ; la droite tient une plume comme si elle venait de s’arrèter pour relire. Je m’explique mal, mais vous comprenez. Dimanche 3 octobre. Je suis triste. Non, voyez-vous, il n’y a rien à faire. Voilà quatre ans que je soigne chez les plus célèbres docteurs une laryngite, et cela va de mal en pis. Depuis quatre jours, mes oreilles allaient bien, j’entendais bien ; maintenant, ça recommence. Eh bien, voyez, je vais être prophète : Je vais mourir, mais pas tout de suite ; tout de suite, cela mettrait fin à tout, ce serait trop bien. Je vais trainer mes rhumes, ma toux, des fièvres, toutes sortes de choses…

Lundi 4 octobre. J’avais demandé de la musique pour mendoline à mon professeur de Naples ; voici sa réponse

Je gai de sa lettre à cause de sa tournure italienne si charmante, quoique venant d’un homme simple. J’avoue que, malgré mes tendances naturalistes (un mot peu compris) et mes sentiments républicains, je suis fort sensible à ces fleurs de langage. Pourquoi tout cela n’irait-il pas ensemble, du reste ! Mais il fautlaisser cestyle aux Italiens ; chez les autres,