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JOURNAL

dinaire et prodigicux pour une commençante. voyez donc, si ce n’est pas étonnant, il y a des plans et le torse n’est pas mal, et c’est bien proportionné vraiment, pour une commençante… Toutes les élèves se levèrent et vinrent voir mon dessin, pendant que je rougissais. Dieu que je suis contente ! L’académie du soir a été si mauvaise que M. Julian m’a conseillé de la refaire. Voulant trop bien faire, je l’ai gâtée ce soir. Avant-hier, elle n’était pas mal. — Mais

Samedi 20 octobre. Breslau a reçu beaucoup de compliments de Robert-Fleury, moi pas. L’académie était assez bonne, mais la tête pas. Je me demande avec terreur quand j’arriverai à bien dessiner. Il y a juste quinze jours que je travaille, naturellement, excepté les deux dimanches. Quinze jours ! Breslau travaille depuis deux ans à l’atelier, et elle a vingt ans, j’en ai dix-sept ; mais Breslau a beaucoup dessiné avant de venir ici. Et moil misérable ?

Je ne dessine que depuis quinze jours… Comme cette Breslau dessine bien ! Lundi 22 octobre. — Le modėle était. Jaid et tout l’atelier refusa de le faire. Je proposai d’aller voir les prix de Rome exposés aux Beaux-Arts. La moitié à pied et nous, Breslau, Mmo Simonides, Zilhardt et moi, en voiture.

L’exposition est finie d’hier. On se promène à pied sur les quais, on regarde les vieux livres et les vieilles gravures, on cause art. Puis, en un fiacre découvert, on va au Bois. Me voyez-vous ? Je ne voulais rien dire, c’eût été gâter leur plaisir. Elles étaient si gentilles, si