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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

ment dessinés, mais qu’il y avait du bon et des choses très jolies et des tons charmants. Il n’est pas content du concours en général. Si je n’ai pas la médaille, j’aurai tout de même fait une assez bonne étude. Ge soir, les citoyennes Mercredi 8 décembre.

Alexandrine Norskott et Pauline Orelle ont assisté aux travaux hebdomadaires de la société « Le droit des femmes ». Cela se passe dans le petit salon d’Hubertine. Une

lampe sur le bureau, à gauche ; à droite, la cheminée surmontée d’un buste de la République, et au milieu, tournant le dos à la fenėtre, qui fait elle-même face à la porte, une table chargée de dossiers, ornée d’une bougie, d’une sonnette et d’un président qui a l’air très sale et très bête. A la gauche du président, Hubertine, qui, chaque fois qu’elle parle, baisse les yeux et se frotte tout le temps les mains. A droite, une vieille sèche socialiste et furieuse qui s’écrie « Que s’il y a à frapper, elle frappera la première ». Une vingtaine de vieilles typesses, des espèces de concierges en rupture de loges et quelques hommes, le rebut de ce que l’on s’imagine ; de ces garçons à longs cheveux et à coiffures impossibles et qu’on ne veut pas écouter dans les cafés. — J’ai une perruque très noire et des sourcils très noirs. Les hommes ont clabaudé sur le socialisme, le collectivisme et les trahisons des députés les plus avancés. La rouge du coin a déclaré la guerre à la religion ; là-dessus, Mme de D. (Norskott) a protestě et a prononcé plusieurs morceaux de discours qui ont détonné en bien. Du reste, Hubertine est. très sage et comprend qu’il ne s’agit pas de prolétaires ni de millionnaires, mais de la femme en général, qui revendique ses droits. C’est sur ce terrain qu’il faudrait