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JOURNAL

nues et que je ne soupçonnais pas ; dans tous les cas, j’ai beaucoup appris. Julian trouve que j’ai fait un grand effort, que. ce n’est pas mal, que c’est amusant ; mais que c’est à s’arracher les cheveux quand on pense à ce que ca aurait pu être. Ah ! je voudrais qu’il fût crevé, ce tableau, pour ne pas être forcée de l’exposer. Carj’y suis forcée par une sotte vanité punie d’avance, parce que je crains l’indifférence du public et la blague des hommes d’en bas. Ge n’est pas précisément de la blague, mais ils diront : Eh

bien, elle n’est pas forte la plus forte de vos femmes.

Ah ! Seigneur ! c’était à prévoir. Julian aurait dû le savoir ! Mais il dit que c’est parce que j’ai fatigué ma toile, que si j’avais peint comme j’ai commencé, ça aurait été bien ! Et il y a là l’académie du modèle, un petit bonhomme de dix ans. Non, si j’avais fait ça comme étude de la semaine, j’aurais gratté tout ; c’est mal et surtout d’un dessin commun, sans caractère et absolument indigne de moi : c’est le plus mauvais des tableaux.

Ah ! c’est ennuyeux ; mais que faire ?  ? Dimanche 20 mars. Au palais de l’Industrie. C’était très amusant, la foule poussait des cris et faisait des remarques sur les malheureuses toiles qui arrivaient. Bojidar était entré, moi j’eus quelque peine à me faire reconnaitre pour l’auteur ; enfin je cours, élégante et regardée par les chers confrères ; nous nous retrouvons avec l’éternel Bojidar et je puis voir quelques tableaux.

Le mien parait assez petit, quoiqu’il ait 1 m. 50 de haut sur près de 2 m. de large. Un groupe d’hommes élait arrêté devant ; je me suis enfuie, pour ne pas