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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

entendre leurs remarques, et puis il me semblait qu’on savait que c’était de moi. J’ai sérieusement parlé à Julian, je lui ai expliqué mon sentiment. Je ne veux pas qu’il me croie capable de sotte vanité ; non, je ne dis pas ça par bravade et je n’aurai pas de crève-cœur ; ne pas me confondre avec les femmes nerveuses, non ! Enfin, il comprend très bien et moi aussi. Il dit que je serai honorablement reçue et que j’aurai même du succès ; mais pas celui que nous avions révé. Les hommes d’en bas ne viendront pas se planter devant la toile : comment, c’est une femme qui a fait cela ? Enfin, j’ai proposé de faire un accident pour sauver l’amour-propre, mais il ne veut pas. Il avait préparé un succès ; il avoue que son amour-propre n’est pas complètement satisfait, mais que cela peut aller. Et, dans ces conditions là, j’expose !  !  !  ! Hélas oui ! C’est égal, les encouragements qu’il me donne, c’est parce qu’il ne croit pas à mes résolutions raisonnables ; malgré mes déclarations il me croit femme, et il se dit qu’il me blesserait en me disant la vérité pure.

Pourtant j’ai tout dit.. C’est que je suis une élève sérieuse et n’ai pas besoin. d’exposer pour avoir des leçons ; j’expose par vanité ; done si c’est mauvais, ce n’est pas la peine. Enfin ! c’est fini, je suis délivrée du tableau, mais les inquiétudes jusqu’au 1or mai inclusivement ?… Pourvu quej’aie un bon numéro ! Oh ! je vais peindre des torses et faire des esquisses ! Vous verrez.

Jeudi 24 mars. Je découvre sous mon lit un pot de goudron. C’est une tendresse de Rosalie pour ma santé. D’après les conseils d’une tireuse de cartes !