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JOURNAL

ments ; l’administrateur a dů croire que j’avais volé pour donner. – Le ciel m’en rend pour mon argent. Abbema, qui se promène avec Bojidar, m’envoie dire que mon tableau lui plait, que c’est viril, amusant, etc., Quelques minutes après, nous nous rencontrons et faisons connaissance avec la célèbre amie de Sarah Bernhardt. C’est

une très bonne fille et j’apprécie ses éloges, d’autant plus que Bojidar m’annonce qu’elle vient de se brouiller avec B… à qui elle a dit qu’il baisse et qu’elle n’aime pas ses envois de cette année. Nous avons déjeuné là ; en tout, un séjour de six heures au milieu des arts. Jene vous dirai rien des tableaux. Je veux seulement dire ici que je pense beaucoup de bien du tableau de Breslau ; de grandes qualités, mais peu de dessin et des empâtements stupides. Des doigts en griffes d’oiseau, des nez avec des fentes, et des ongles, et des duretés. — Et puis des encroûtements extravagants ; en somme, cela sent l’impressionnisme et c’est. Bastien-Lepage qu’elle imite. Où avez-vous jamais vu de ces barbouillages et de ces reliefs dans la nature ? Mais c’est égal, il y a du bon, et on regarde ces trois têtes placées entre le portrait de Wolff et le Mendiant de Bastien-Lepage.

Vendredi 6 mai. — Ce matin au Salon, où j’ai rencontré Julian qui m’a fait faire la conaissance de Lefebvre, lequel m’a dit qu’il y a de grandes qualités dans mon tableau. Je suis très petite fille. A la maison, toujours des conversations sur les changements à opérer. Ils m’agacent tous ! Mon père a des idées parfois absurdes ; il n’y croit pas, mais il s’y obstine, comme de dire que tout dépend de mon