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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

consentement à passer l’été en Russie. il, que tu n’es pas en dehors de ta famille. Est-ce que je l’ai jamais été ! Ce truc de me mettre directement en cause est répugnant. Du reste, j’en ai assez tout plein, je ne peux en dire un mot sans fondre en larmes. Ils ne veulent ou ne peuvent rien ! Eh bien, j’attendrai tout du hasard. Mais au moins je ne voyagerai pas, je resterai tranquille ( !  !  !) chez moi et je pourrai me désoler dans mon fauteuil, où je suis physiquement bien.

O lassitude, ô atrocité ! Est-ce que je devrais connaitre ça à inon åge ? Est-ce qu’il n’y a. pas là de quoi estropier un caractère ? Et c’est ce qui me désole : si jamais j’ai quelque joie ou si j’ai une existence heureuse, pourrai-je en jouir ? Pourrai-je tirer parti de ce qui se présentera ? Je crois que je ne vois plus comme les autres et que… ; mais — On verra, ditc’est assez comme ça.

Et le soir, toute fatiguée, à moitié endormie, des harmonies divines me passent par la tête.ça passe, on le suit comme un orchestre dont la mélodie se développe en vous et malgré vous. Ça vient,

Samedi 7 mai. Mon père veut partir demain et maman doit partir. Ça détraque tout. Et moi, vais-je partir ? Pourquoi rester ? Je ferais là des études de plein air et nous reviendrions pour Biarritz.

D’un autre côté, on dit qu’Ems me ferait du bien… Ah ! tout m’est indifférent. Il n’y a rien pour moi. Dimanche 8 mai. —— A présent, je suis presque heureuse de voir que ma santé se détraque par suite des benheurs que le ciel ne m’envoie pas. M. B. — II,

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