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JOURNAL

Bastien, ni d’un autre (attrape Breslau) ; je suis de celles qui doivent rester elles-mêmes. Bref, il pense du bien de moi et trouve toujours des conseils excelIents, de bonnes et encourageantes paroles. Et très sévère avec ça ; aussi, je suis obéissante. Je lui parle presque à cœur ouvert et je crois qu’il en est flatté. Mais, par exemple, pour faire de la bonne peinture, il faut se soigner ! Je sais bien. Cet homme qui me conseille carrément de ne pas aller en Russie, bien que cela soit agréable à ma famille : « Votre famille le regrettera après. » —— Il l’a dit à maman, au risque de la fâcher, lorsqu’elle est venue me chercher. En effet, si cela me faisait du mal ! Ah ! je ne suis pas heu reuse… mais je me soignerai ; je vais partir… pour Allevard, y rester cinq semaines ; cela me mènera en juillet. Alors, passer un mois dans la forêt de Fontainebleau… Non, rester juin à Paris jusqu’au 15 ; le 45, partir à Allevard jusqu’au 20 juillet, puis un mois à Fontainebleau en venant souvent à Paris montrer mes études ; vers le 20 août, rentrer, préparer ses hardes et arriver à Biarritz le 1er septembre ; après un mois de Biarritz, revenir ici et travailler en prenant des précautions. Et

la Russie au diable ! Vendredi 20 mai.

recommencent ! Oh ! là là ! Potain vient et je comptais sur lui pour ne pas aller en Russie et ne pas trop vexer mon père. Bon, je puis ne pas partir. Mais c’est Bojidar qui apporte le mot mortel : « Le jury a fait sa promenade au Salon aujourd’hui, et a beaucoup regardé le tableau de Breslau ! » Oh ! là là ! les larmes, qui avaient déjà coulé, se répandent en torrents. Mon père et ma mère pensent que c’est ce En deux mots, mes hésitations