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JOURNAL

se maudit, on se déteste, mais quand il s’agit de se séparer, on ne sait plus rien. D’un côté maman, d’un autre ma tante et mon père au milieu. Il doit être furieux, car en somme il a été très gentil ; mais ce voyage inutile, cette perte de temps, et puis, je n’en sais plus rien. Je pleurais de partir, je pleure de rester. Breslau ne me fait presque plus rien, mais en somme…, je n’en sais plus rien, je crois vraiment qu’ici je me soignerais mieux et que je ne perdrais pas de temps. Mardi 24 mai.

Je suis désespér ée de n’étre pas partie.

J’ai fait une offense gratuite à mon père et je resle ici ; mon été sera tout de même en morceaux, puisqu’il faut aller aux eaux fin juin. Au lieu donc de passer trois semaines ici, d’assister à la médaille de Breslau, de rester enfermée, triste, languissante, dans ce Paris où l’on étouffe, j’aurais été à la campagne et j’ai vraiment besoin de sortir de cet état impossible. Aussi je suis idiote….. pleure et me prie de rester croyant que c’est mon tombeau, ce voyage, et que le terrible M. Bashkirtseff me retiendra là-bas. En voilà des bêtises !  !  ! Et moi je suis assez ramollie, assez tout ce que vous voudrez pour me laisser influencer !  !  ! Je vais télégraphier à Berlin pour qu’on m’attende et je pars. BERLIN. Mercredi 25 mai. Je suis donc partie hier ; ma tante, qui m’avait vue triste de rester à Paris, ne pleure pas, craignant que je lui reproche de m’influencer en m’attendrissant, mais elle a la mort dans l’âme et croit qu’elle ne me reverra jamais. La pauvre femme, qui adore maman, cause de cela, et je suis aussi désagréable que possible. Je me demande mėme comment il est possible de rém’adore doublement à