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JOURNAL

en face de la Suissesse avec Étienne, Spérandio et Catherine. La salle est vaste et, la musique aidant, les pieds prennent de la gaieté. Dina danse toule seule comme une folle toute espèce de pas de fantaisie, et vraiment avec beaucoup de grâce. Moi aussi, avec mon chagrin atroce (les oreilles) qui me fait des cheveux blancs, j’ai dansé un instant, sans gaieté, seulement c’était sans prétention. Mercredi 13 juillet.

de partir ; nous arrivons à Poltava vers sept heures. Je fais le trajet avec Dina et nous causons un peu de Toujours triste, peut-être tout ce séjour en bloc… Quelque incroyable que cela puisse paraître, il n’y a ici ni délicatesse, ni morale, ni pudeur dans leur sens véritable. Dans les petites villes de France on craint un confesseur, on a une grand’mère, une vieille tante qu’on respecle fort… Ici, rien.

On se marie souvent par amour, et très facilement on s’enlève et tout cela à froid. Je crois que nous partons demain. Je m’arrêterai à Kief pour faire dire des messes ; les plus noirs pressentiments me tourmentent et j’ai tellement peur de tous ces présages ! A la fête de Paul, j’ai trouvé un cierge sur mon couvert, oublié là, parait-il, par l’homme qui allumait les lustres. Et toutes ces glaces cassées ? Aussi, je me demande s’il ne va pas arriver quelque vilenie. Vėndredi 15 juillet.

sur la plate-forme nous trouvons Micha et Lihopay ; ils sont partis avant nous de Poltava. Je tousse et étouffe. Je reviens de me mirer, croyant trouver les apparences du mal ; mais non, rien encore, — Nous sommes à Karkoff ;