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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

je suis mince, mais très Ioin de la maigreur, et puis les épaules nues ont un air d’épanouissement qui ne va pas avec la toux et les bruits que j’entends dans mon gosier, ni avec ceux que je n’entends plus si bien par les oreilles… C’est que je suis enrhumée, voilà ce qui fait que je tousse plus fort… Enfin !… Nous sommes entrées avec maman dans un couvent et maman s’est agenouillée avec ferveur devant l’image peinte de la Vierge. Comment prier devant une image ? J’en avais la ferme intention et je n’ai pas pu. Mais quand je suis chez moi, quand cà vient, eh bien, après, je me sens mieux, je vous jure, et je crois que Dieu peut me guérir ; mais lui seul. Seulement il faudrait pour cela me pardonner tant de petites choses ! Samedi 16 juillet.

Pacha, mon ancien amoureux ; les uns veulent que nous restions un jour, les autres que tout le monde aille jusqu’à Soumy, où nous sommes à l’heure qu’il est. Pacha a engraissé ; mais c’est toujours le même ètre farouche et pas effrayant du tout. Un rêveur prosaïque, des dehors abrutis, et tout cela à froid et très bourgeoisement. On se voit à la gare seulement, où nous trouvons Alexandre arrivant de. Poltava, qui a promis d’aller à Soumy pour les affaires. Enfin nous y sommes

papa, maman, Dina, Alexandre et moi. Les autres

sont restés là-bas ; on s’est quitté, cela va sans dire, avec des regrets, des souhaits, des baisers. Ce matin est arrivé le gros Jeudi 21 juillet.-Nous voici à Kieff, la ville sainte, « la mėre de toutes les villes russes, » d’après saint Wladimir qui, s’étant fait baptiser, a ensuite baptisé de gré ou de force son peuple, en le faisant entrer dans le Dnieper ; on a dû en noyer, je pense. Mais les