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JOURNAL

forces, elle s’ennuie à mourir. dis bonjour et bonsoir, et tous les soirs je me reproche de ne pas causer davantage, et tous les jours cela Pensez-donc, moi je

recommence. J’ai eu cent cinquante élans généreux pour me rapprocher d’elle, mais ça en est resté là et je trouve mon excuse dans les tristesses qui m’accablent. Enfin elle est partie, la pauvre petite ; une nature vraiment angélique, et ce départ m’a serré le ceur bien fort, mais elle sera plus heureuse là-bas ; ce qui surtout me chagrine, c’est que je ne puis plus réparer ma froideur, mon indifférence ; je la traitais comme maman, ma tante, Dina ; mais les miens, ça leur est moins pénible, tandis que cette enfant étrangère, seule, si douce, si calme ! Elle est partie hier, à neuf heures. Je ne pouvais pas parler pour ne pas pleurer, et j’ai affecté un air détaché ; mais j’espère qu’elle aura vu. Samedi 20 août. Je me suis présentée seule chez Falguière le sculpteur ; je lui ai dit que je suis Américaine et lui ai montré des dessins, en lui faisant connaître mon désir de travailler. Il y en a un qu’il a trouvé très bien, très bien ; tous les autres bons. Il m’a envoyée à un atelier où il donne des conseils, et du reste, si je ne m’en arrangeais pas, il s’est mis à ma disposition, soit pour que j’aille lui porter ce que j’aurais fait ou qu’il vienne chez moi. Ça, c’est gentil, mais pour ça j’ai Saint-Marceaux que j’adore, et je me contenterai de l’atelier. BIARRITZ. Vendredi 16 septembre. adieux, nous sommes parties jeudi matin. Il fallait passer la nuit à Bayonne ; nous avons préféré Bordeaux Đù Sarah donnait une représentation. Nous avons donc Ayant fait nos