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JOURNAL

le dernier temps, elle était si malheureuse que je compatissais à ses tristesses, tout en restant indifférente. Jeudi 17 novembre.

Hier, je ne pouvais pas me traîner, ayant mal à la poitrine, à la gorge, au dos, toussant, enrhumée, ne pouvant rien avaler et passant dix fois par jour du froid au chaud. Je suis un peu remise aujourd’hui, mais c’est égal !.. pour quelqu’un qui se soigne chez les plus grands savants du monde ! Et depuis si longtemps ! car depuis que j’ai eu mes premières extinctions de voix, on m’a soignée. Oui, voilà l’anneau de Polycrate que je jette bien malgré moi à la mer. Eh bien ! puisque ce mal affreux me tient, il devrait suffire comme contrepoids à d’autres bonheurs. On ne dira pas que j’ai tout…, si j’arrive à quoi que ce soit. Gela devrait.me rassurer… Lundi 21 novembre.— On a envoyé chercher Potain mercredi, il est venu aujourd’hui ; pendant ce tempslà j’aurais pu crever.

Je savais bien qu’il m’enverrait encore dans le Midi ; j’en avais d’avance les dents serrées et la voix tremblante, et des larmes que je fais rentrer par des efforts considérables.

Aller dans le Midi, c’est se rendre.— Et les persécutions de ma famille me font un point d’honneur de rester debout, quand même. M’en aller, c’est le triomphe de tou

la vermine de l’atelier. « Elle est très malade ; on l’a emmenée dans le Midil »

Mardi 22 novembre.-Il est impossible de se figurer ce que cet exil dans le Midi est désespérant pour moi. Il me semble que tout va étre fini, moi qui revenais