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JOURNAL

dévouement et de soins. Elle a beaucoup embelli, et si bonne ! Si le ciel ne lui envoie pas un peu de bonheur….. sapristi ! Je dirai des impertinences au bon Dieu.

Samedi 24 novembre. Ce soir, à l’atelier, il n’y avait qu’Amélie, moi et Julian, la bonne et Rosalie. M. Julian nous a fait apporter les dessins de concours de ces messieurs, les nôtres, les caricatures de ces messieurs.

On se mit à examiner et à juger notre concours en attendant le vrai jugement qui aura lieu mardi, et sera fait par MM. Robert-Fleury, Lefebvre et Boulanger. Il

y aura lutte entre Breslau et une Française (quatre ans d’atelier, des profils toujours et pas de feu sacré, mais un dessin parfait) et une autre encore. Amélie, la Polonaise et la grosse Jenny ont des peintures. Arrivé à ma tête, Julian a dit à peu près ceci : Vous pouvez étre mal placée parce que vous luttez contre des jeunes filles qui ont trois ou quatre ans d’atelier, qui sont fortes enfin ; mais votre tête est tout bonnement une des plus ressemblantes. Ce que vous faites est phénoménal. Prenez ce dessin, portez-le chez . un des grands maîtres que vous voudrez et demandezlui combien de temps il faut pour dessiner comme ça d’après nature, et personne, personne, entendez-vous, ne vous dira moins qu’un an. Maintenant, certes, c’est plein de défauts…

Et il me fit une leçon en comparant mon dessin avec celui de la Française. — Et vos académies sont pleines de défauts, mais il n’y a aucune faute perceptible. Allez donc raconter qu’au bout d’un mois ou six semaines vous faites des bonshommes campés et d’aplomb comme ça, et d’après