Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
354
JOURNAL

commençais toujours, et enfin… c’est bien heureux ; ces affreux monstres remuaient, riaient, criaient, se battaient… Je fais tout bonnement une étude pour ne plus être torturée par les tableaux ; tout ce que j’entreprenais devenait, au bout de vingt-quatre heures, poncif ou romance, ou banal, ou maladroit, ou prétentieux, après m’avoir beaucoup plu… Du reste, il vaut mieux faire de simples études ; je suis dans un passage si critique, et que de temps perdu : Biarritz, la maladie et un mois déjà ici ! Si je n’y avais couru comme une sotte après les tableaux, ou plutôt si je n’avais pas été moitié assommée par les quelques lignes de Wolff qu’un moyen de me remettre sur pied, c’est de rapporter des choses qu’on trouvera très bien ; mais voilà 1… pour

Breslau… Il n’y a PARIS. Jeudi 20 avril. Eh bien, ce n’est pas —

comme après l’Espagne, je ne suis pas ravie de revoir Paris, seulement contente… Du reste, je ne puis me rendre compte d’aucun sentiment, tellement je suis inquiète de mon travail. Je tremble en pensant à ce qu’on dira et je suis écrasée par le souvenir de Breslau, qui est traitée par le public comme une artiste arrivée. J’ai été chez Julian hier (nous sommes à Paris depuis hier matin) et il ne me traite plus comme une travailleuse sérieuse ; -brillante oui, mais pas de fond, pas de volonté ; — il aurait désiré plus, il avait espéré autre chose. Tout cela, tout en causant, me fait beaucoup de mal ; j’attends qu’il voie mon travail de Nice et je n’espère plus rien de bien.

J’ai fait la Thérèse, une enfant de six ans allant aux provisions, dans une allée de ferme, grandeur nature ; puis un vieillard à sa fenêtre à côté d’un pot d’æillets roses, grandeur nature, puis un gamin portant un sac,